Témoignage d'une patiente seule face à la douleur

Quand la douleur reste une fatalité

Une nuit douloureuse

Tout a commencé au mois de septembre. Une nuit. Une douleur fulgurante en haut de la cuisse qui m’a réveillée. Être réveillée en pleine nuit, c’est désagréable mais par une douleur, c’est angoissant. Cette douleur sourde s’est atténuée mais elle ne m’a pas quittée de toute cette période préopératoire. Le matin, je pose le pied par terre, la douleur qui avait fini par s’estomper, revient. Lancinante, sourde, chaque pas me rappelle sa présence.

Douloureux week-end !

Je ne vais pas voir le médecin. Ça va passer, j’ai dû faire un faux mouvement. De toute façon, je n’ai pas le temps !

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J’ai prévu de passer le week-end du chez un copain de fac que je n’ai pas revu depuis une vingtaine d’années. Il me reçoit, chez lui en Bretagne, dans un coin que je ne connais pas. Gentiment, il me fait visiter sa région en voiture. J’ai dû passer mon temps durant les six jours passés chez lui à monter et à descendre de voiture, à marcher, à monter des escaliers, ma chambre était au premier étage. Je boitille, j’ai mal mais je continue.

Je rentre et la vie continue.


Pour le week-end suivant, je décide d’aller voir une amie qui habite à Strasbourg. Séjour agréable, on se ballade dans la ville, on sort et surtout on va dans son club de sport. Je fais quelques mouvements de brasse, je sens que cela me « débloque » quelque chose au niveau de la hanche. Retour à Paris. Je décide que si dans une semaine ça ne va pas mieux, j’irai voir mon généraliste.

Bien sûr, ça ne s’arrange pas. La douleur est là, je boitille et, progression, j’ai du mal à soulever le pied. Bref, je me sens handicapée, je dors mal, j’ai mal. Je vais donc voir mon généraliste. Je lui fais part de ma douleur. Il me prescrit une radio de la hanche. Je vais voir ensuite un rhumatologue avec ma radio. Le diagnostic est clair : « c’est une tendinite. Prenez des anti-inflammatoires, ça ira mieux ! »

Ça ne va pas mieux !

Comprendre et apprivoiser la douleur

L’ostéopathe compatissant

J’ai de plus en plus de mal à marcher, je lève toujours difficilement le pied.

Sur les conseils d’une amie, je vais voir un ostéopathe. Je ne suis pas très rassurée, pour mon travail, j’ai lu des interviews de kiné qui reprochaient aux ostéopathes leur manie de faire craquer le patient et donc d’aggraver son état. Mais bon, ça ou souffrir et en plus je commence à en avoir assez, donc j’y vais.

Cet ostéopathe est très bien. Il demande à voir mes radios et m’explique ce qu’il voit. J’ai un pincement, ce qui provoque la douleur. « Votre rhumatologue ne vous a rien expliqué ? Il faudrait qu’un jour ils mettent les mains dans le cambouis ! » Moi, ce qui m’intéresse c’est savoir ce que j’ai et ne plus souffrir. Le reste…

Il ne me fait pas craquer mais me manipule avec douceur et à l‘issue de cette première séance, je peux lever le pied en angle droit ! C’est un miracle ! Je boîte beaucoup moins. En plus, c’est le premier à me demander si la douleur ne m’empêche pas de dormir ! Un compatissant qui ose aborder ce problème ! Extraordinaire !

Prenez du doliprane !

Il ne me prescrit rien, ce n’est pas un professionnel de santé, il n’a donc pas le droit de le faire mais il ose aborder le sujet de manière franche et claire. Jusqu’ici, j’ai vu mon généraliste et un rhumatologue, pour eux la douleur est une notion assez vague, certainement. Ils n’en parlent surtout pas ! Et lorsque plus tard, j’ai demandé à mon généraliste de me prescrire un médicament contre la douleur, j’a eu le droit au doliprane ! Quelle bonne idée ! Je n’y avais pas pensé ! J’en suis à la dose maximale en doliprane 1000 et ça ne me fait pas grand ’chose.

Je reviens à mon ostéopathe. Je l’ai vu trois fois. La deuxième fois, il me conseille de faire des séances de kiné. Il s’étonne d’ailleurs que mon rhumatologue ne m’en ait pas prescrit. Je retourne voir mon généraliste. Je lui dis que je souffre, toujours aucune réaction. Il se demande peut-être pourquoi je lui en parle. J’imagine ce qu’il se dit, lorsque je lui fais part de ma souffrance et qu’il me regarde d’un air passible. « Bon, oui, d’accord, elle a mal. Mais, ce n’est pas la seule et en plus qu’est-ce que je peux faire ? Qu’est-ce qu’elle veut ? Je ne suis pas Dieu le Père ! Si sa douleur s’arrête, on ne pourra plus savoir où elle a mal et là, c’est pas gagné pour savoir ce qu’elle a ! ». Bon, il est super compatissant mon généraliste, il me prescrit vingt séances de kiné.

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Déjà deux mois !

Nous sommes déjà au mois de novembre, ça fait deux mois que je souffre…

La kiné est compatissante, elle m’a demandé lors d’une séance « Mais vous arrivez à dormir avec cette douleur ? ». Elle n’y peut rien mais je la remercie d’avoir posé la question. Ça fait du bien de la compassion !

Seize séances plus tard, pas d’améliorations. C’est elle qui me conseille une infiltration mais pour cela il faut que j’aille faire une IRM. Me revoilà face à mon généraliste, je lui demande la prescription et lui parle bien sûr de ma douleur. Par acquis de conscience, au cas où une étincelle de compassion surgisse. Non, vraiment, il ne comprend pas.

Le résultat de l’IRM est brutal, « Vous avez la hanche d’une personne de 20 ans de plus que vous (j’en ai 50). C’est une coxarthrose. Prenez très vite rendez-vous avec un chirurgien pour une prothèse totale ! ».